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Blowin'in the wind



La poussière s'est figée sur la frontière, coll dels Belitres, entre Portbou et Cerbère. Le col des voleurs et des siècles durant, le point de fuite des contrebandiers.

Et puis quelque 100 000 réfugiés républicains espagnols fuyant la vermine franquiste. Lourdes valises que l'on abandonne, mains gelées et enfants à bout de bras, chaussures à l'os. Voyez ces âmes fantomatiques en exil, ces milliers de vies à refaire passant en ces lieux et guidées de loin par le point lumineux du phare de Cerbère ... ce fameux chien à 3 têtes gardien de la porte des enfers, tu parles d'un accueil !

Un ultime cliquetis de clés sur le passé.


Il y a 30 ans, on a tiré la grille, un ultime cliquetis de clés sur le passé. La route libérée, la frontière réduite à n'être plus qu'un trait sur une carte à ce qu'on disait. Le poste n'a jamais bougé, cuit par les étés, figé par les hivers, tagué par les anarstreet-artistes de l'internationale ! Les passages en famille le dimanche, les traffics de tout ordre et désordre, la glace et les pipas tout en achetant une bricole de souvenir de vacances, les années d'ennui noir couleur tampon des douaniers déprimés ... On ressent tout ça là-haut, dans le vent et dans le ventre, face à ces vestiges momifiés dans l'alcôve de ce grand virage. Petit face aux histoires que le col nous siffle dans l'air, petit face à l'histoire.




Aujourd'hui, de nouveaux migrants en exil traversent toujours ces lieux, épuisés après des milliers de kilomètres parcourus depuis un autre continent. Passer par-dessus après tant d'efforts étant trop risqué si près du but, ils passent par dessous. Au péril de leur vie, sur un kilomètre, d'un bout à l'autre du tunnel ferroviaire, ils se faufilent désormais en équilibre sur le ballast, au péril de leur vie. Le plus souvent, ils trébuchent sur la police qui les renvoie de l'autre côté où ils trébuchent sur la police qui les renvoie trébucher à nouveau sur la première police et ainsi de suite...La République prise de Darmanite aigue à répétition ne cesse de renforcer les barbelés des entrées du tunnel en guise de bienvenue !




Je viens de l'exil, tu viens de l'exil, on vient tous de l'exil. Nos histoires personnelles parlent de frontières, de longs voyages, de père qui part et de la famille qui suit, de sacrifices, de manques et de déchirements, de guerres, de reconstruction de la France à bon marché. Nous venons tous de là, de ces cols ventés où sifflent nos histoires et flottent encore les passages de nos aïeux, comme une réponse mon ami...The answer, my friend, is blowin' in the wind. The answer is blowin' in the wind.






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